vendredi 15 juillet 2022

 L'éducation occidentale n'est pas la norme dans le monde


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Merci de me rejoindre pour une nouvelle critique de film incluant un bébé "acteur", car je me suis engagée à convaincre un maximum de personnes de l’inutilité, voire de la nocivité, de faire ou laisser pleurer de tout jeunes enfants pour les besoins d’un tournage, alors que des alternatives existent. En l’occurrence, il s’agit du film Un papa hors pair, de Paul Weitz. Je remercie le réalisateur d’avoir, globalement, respecté le bien-être des bébés. La quasi-totalité des scènes montrent un bébé calme, serein, voire qui gazouille. Il est d’ailleurs frappant de constater à quels points tous ces bébés passent tranquillement dans les bras d’une quantité incroyable d’actrices et d’acteurs différents. Je suis persuadée, de par mon expérience personnelle que cette sérénité est liée à la culture africaine qui consiste à ne jamais laisser pleurer un bébé sans lui accorder toute l’attention nécessaire durant ses premiers mois de vie. 


Selon la BBC, la pratique selon laquelle les enfants partagent non seulement une chambre mais aussi un lit avec un ou plusieurs de leurs parents est quasi universelle, en dehors des pays occidentaux. « Dans les sociétés occidentales, de nombreux parents se tournent plutôt vers des méthodes d'entraînement au sommeil, dont la version la plus extrême consiste à laisser un bébé "crier" tout seul, dans le but de l'encourager à dormir plus longtemps pour que ses parents puissent prendre le repos nécessaire. Encourager l'indépendance précoce s'aligne d’ailleurs sur l'individualisme typique de la culture occidentale. De même, le fait de porter un bébé réduit son rythme cardiaque et ses mouvements, ainsi que la quantité de larmes qu'il pleure. » Et le portage des enfants en écharpe, qu’on pourrait qualifier de nouvelle tendance est une chose que les humains font depuis toujours. Ce n'est que lorsque les landaus sont devenus populaires à l'époque victorienne que les porte-bébés traditionnels sont devenus moins courants dans certains secteurs de la société occidentale.


Pour en revenir au film, seules deux courtes scènes montrent un bébé en pleurs. La première, dans la voiture, mais on ne voit que le début du mal-être, le bébé commence à manifester un inconfort. Dans l’autre, le nourrisson est couché dans un couffin à côté du lit et là, il pleure vraiment. Pour toutes les autres scènes, le réalisateur a eu recours à des astuces pour faire croire que le bébé pleure comme d’utiliser des larmes artificielles que l’on a placées sur le visage parfaitement calme d’une petite, installée dans son maxi-cosy. Dans d’autres plans, ce sont, de toute évidence, des enregistrements de pleurs que le réalisateur passe sur des images où l’acteu.rice tient le bébé calme, le visage tourné vers soi. Ou encore, il filme un landau, un lit vides, ou non, mais d’un point de vue qui ne permette pas de voir le visage du nourrisson. Lorsqu’un bébé est allongé dans un parc, la petite joue avec une couverture sur son visage, ce qui pourrait laisser penser que c’est elle qui pleure alors qu’en réalité, elle est calme. Donc pour moi, ce réalisateur a vraiment respecté le bien-être des nourrissons et bébés qu’il a filmés. Ce qui me fait penser que la seule scène douteuse a peut-être été filmée spontanément, naturellement, que le bébé s’est mis à pleurer et que le parent présent l’a réconforté rapidement. Enfin je ne sais pas, mais en tout cas, globalement Paul Weitz est un réalisateur qui respecte les tout petits et je l’en remercie.


Dans la série documentaire Babies, de 2020, Susan Hespos, professeure de psychologie cognitive, a démontré par ses études que même les plus jeunes enfants ont cette notion qu’un objet sans support doit tomber. Ils ont donc conscience de la gravité. Cette dame se demande pourquoi les idées reçues sur les connaissances de bébés persistent. Pourquoi s’obstine-t-on à penser que les bébés sont dénués de toute intelligence, de toute connaissance, qu’ils arrivent avec une page blanche, et doivent tout apprendre. Et elle se dit : après tout, le savoir est peut-être intégré au corps tout comme le réseau de circulation sanguine. Cette spécialiste de la psychologie développementale a mené des études sur les connaissances cognitives de bébés de quatre à six mois. Pour l’une de ses expériences, elle place le bébé devant un théâtre de marionnettes. Lorsque le rideau se lève, tous les enfants sont intéressés, mais au bout de quelques instants, ils vont se lasser, et détourner le regard. L’étape suivante consiste à montrer un bloc de bois orange au centre duquel a été percé un cercle, et sur lequel on a apposé trois pompons verts. La dame pousse d’abord ce bloc et le fait glisser sur son support rectangulaire de droite à gauche. La réaction de chaque bébé est la même : au début, son attention est attirée par les couleurs, les objets, dont il se détourne rapidement. Vient ensuite la partie “magique” : l’adulte pousse le bloc tout le long du support et, contre toute attente, le bloc reste suspendu dans le vide, aimanté à la paroi du fond. On voit que cela les surprend. Les bébés sont captivés et fixent l’objet, fascinés par le fait que cet objet sans support ne tombe pas. Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose d’anormal. On ignore comment, mais les bébés ont donc déjà la notion de gravité. Le Dr Kang Lee, explique, dans le même épisode consacré aux connaissances, que l’apprentissage qui se déroule durant les six premiers mois d’un enfant forme la fondation qui transformera l’enfant en un être social capable de fonctionner dans son entourage, dans la société.


Je reste donc persuadée qu’il n’est pas bon de nier les besoins de bébés ou d’enfants en bas âge pour les besoins d’un tournage. Et c’est sans parler de la commercialisation des sentiments de peur, détresse ou autres pour le divertissement.


Et toi, tu en penses quoi ? Si je t’ai convaincu.e, signe la pétition. Partage mes plaidoyers, aide-moi à remplir cette cagnotte que j’ai mise en place sur mon blog Baby Cry Business pour attirer l’attention des médias, traduire ces plaidoyers dans d’autres langues etc., ou communique-moi d’autres exemples. Pour ma part, je continuerai le combat pour des bébés heureux dans les films. Même si cela signifie convaincre une seule personne à la fois… et je te remercie si c’est toi !


Pour signer la pétition :

https://chng.it/vRzW48ZS


Babies, série Netflix, 2e partie, 1er épisode, 2020


Kelly Oakes, Éducation : la façon occidentale d'élever les enfants est-elle bizarre ?, BBC News, 2021, https://www.bbc.com/afrique/monde-56198209, consulté le 27 juin 2022.


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