vendredi 22 juillet 2022

 Chaque enfant appartient à toute l’humanité

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Dans mon engagement à défendre la cause des bébés « acteurs » dont on nie délibérément les besoins physiologiques ou émotionnels pour les besoins d’un tournage, je te présente un nouvel exemple positif. Je n’ai regardé que les deux premiers épisodes de la série australienne Supermamans, de Sarah Scheller et Alison Bell, mais sur la base de ces deux épisodes, j’ai pu constaté que les réalisatrices respectent globalement le bien-être des tout petits et je les en remercie. Seuls un ou deux plans très courts montrent un bébé en pleurs. Les réalisatrices ont visiblement recours aux différentes alternatives qui existent plutôt que de filmer de vrais bébés en pleurs : une poupée entièrement couverte d’un linge ou cachée dans un porte-bébé, un plan qui ne permet de voir que le bonnet du « nourrisson » dans les bas de l’actrice (probablement aussi une poupée). Le nombre de bébés filmés sereins, calmes, curieux pour cette série de 2019 est bien la preuve qu’il est parfaitement possible de tourner avec de tous jeunes enfants tout en respectant leur bien-être et leurs besoins fondamentaux.


Et je m’en réjouis. Car nos connaissances actuelles des bébés ne sont plus ce qu’elles étaient auparavant. Donc nous, adultes, n’avons plus aucune excuse de tolérer ces pratiques, de rester indifférent.es. Comment peut-on penser à construire un monde de paix, de coopération, de bonheur, si nous ne prenons pas en compte le début de la vie ? De toute la vie. Je veux dire par là de tous les êtres vivants.

 

Bien sûr, quand je vois toutes les misères que doivent affronter tant de bébés et d’enfants dans le monde, j’ai le coeur au bord des yeux, mais en même temps, comme pourrais-je m’attendre à ce que les gens des pays industrialisés aient de l’empathie pour tous ces jeunes êtres vivant dans une extrême pauvreté, s’ils n’ont même pas la moindre empathie pour leurs propres petits, pour les petits de leur propre monde industrialisé.


J’ai adoré le documentaire d’Estela Renner, de 2016, The beginning of life. En parlant de la nature et du bénéfice que retirent les enfants de pouvoir grandir au contact de la nature, une professeure d’art, Simone Spaggiari, s’exprime ainsi : nous pensons que la beauté attire la beauté. Et attire les gestes de beauté. Que le soin attire les gestes de soin. Et nous croyons que c’est un très bon exercice de citoyenneté, un bon entraînement pour la construction d’un humain.

Severino Antônio, éducateur et écrivain, dit que « l’empathie est l’un des sentiments fondamentaux de l’être humain ; l’empathie signifie se mettre à la place d’autrui, sentir avec autrui, se sentir comme autrui. Les enfants ont de l’empathie pour tout : pour ceux qui les entourent : jouets, animaux, plantes, pierres. Pour eux, tout est vivant. Ils appartiennent à tout ça, ils font partie de ce tout. 

On dit que l’enfant n’a pas de souvenir de lui bébé. Mais c’est la phase la plus importante. L’enfant est une éponge : tout ce qu’il absorbe pendant cette phase est une référence pour le reste de sa vie. Ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il expérimente, est fondamental pour la structure émotionnelle de ce petit être. 


Une intervenante explique que l’enfant arrive dans le monde avec tant d’énergie et de créativité que la mère a du mal à s’en occuper seule. Tous sont utiles : le père, les grands-parents, les voisins, la communauté pour que cet enfant grandisse. En Afrique, on dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Les parents ne peuvent pas élever un enfant seuls. Nous, les adultes, avons besoin de la communauté. Les enfants ont besoin d’autres enfants et d’autres adultes comme références.


L’écrivain, Severino Antônio ajoute qu’une des grandes solitudes du monde contemporain, c’est la perte de la communauté. Le sens de la communauté a disparu alors que les enfants en ont besoin. Ils ont besoin d’autres enfants, d’autres personnes. Pas seulement lorsque le ou les parents décèdent mais comme un complément. Les enfants ont besoin de cette extension. Elle change tout. Chaque enfant appartient à la communauté. Et en fait, chaque enfant appartient à toute l’humanité. 


Charles Nelson, pédiatre et docteur en neurosciences utilise, lui, la métaphore d’une maison : les premières années de la vie, c’est comme bâtir les fondations de la maison. On construit une structure sur laquelle tout le reste se développera. Si la fondation n’est pas bien construite au début de la vie, à mesure que la construction monte, il peut y avoir des problèmes.


L’un des derniers experts interviewés donne des informations intéressantes sur les conséquences économiques, financières, du bien-être des jeunes enfants. Des études ont démontré que chaque dollar investi dans la petite enfance en rapporte sept plus tard. Il explique que les enfants ne sont pas élevés par le gouvernement mais par des gens. Ils ne sont pas éduqués par des institutions, mais par des êtres. Ce qui compte, c’est que les adultes les plus importants dans la vie de l’enfant lui donnent ce dont il a besoin. Mais le problème surgit quand les valeurs politiques confrontent les adultes qui ne donnent pas à leur enfant ce dont il a besoin, ou veulent le punir, ou ne veulent pas l’aider ; on entend dire : « je veux bien aider les enfants mais pas les adultes. » La science dit qu’on ne peut pas aider les enfants sans aider les adultes qui s’occupent d’eux. Les enfants ne sont pas aidés par des programmes mais par des gens. Ne pas donner aux enfants ce dont ils ont besoin coûte cher à la société. Et même pour les gens qui ne se sentent pas concernés, qui se disent : « Moi, je m’occupe bien de mes enfants. Ce n’est pas facile tous les jours, mais je m’en occupe bien. Ce n’est pas juste de me responsabiliser pour ce que les autres ne font pas pour leurs propres enfants. Moi, je m’occupe des miens. », La réponse est : « La vie de vos enfants, plus tard, sera plus facile ou plus difficile selon le nombre de personnes de leur âge qui contribueront ou seront un fardeau pour la société. » 


Je reste donc persuadée que tout le monde est concerné par les injustices que subissent tous les bébés, quels qu’ils soient, quel que soit le besoin fondamental qui est nié. Et si en plus, c’est pour le divertissement, c’est choquant, non ?


Et toi, tu en penses quoi ? Si tu es convaincu.e, s'il-te-plaît aide-moi. Seule, je n’y arrive pas. Tu peux m’aider de diverses façons : en signant la pétition, en partageant mes plaidoyers, en participant à la cagnotte que j’ai mise en place sur mon blog Baby Cry Business, en me partageant tes idées… 

S'il-te-plaît, aide-moi ! Je te remercie, si c’est toi.


Supermamans, série de Sarah Scheller et Alison Bell, 2019.

The beginning of life, documentaire d’Estela Renner, 2016.


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