dimanche 26 avril 2020

Profession : Baby Wrangler

Suis-je la seule à être choquée en lisant l’article de Chris Snyder’s intitulé « Here's how they make babies cry in TV and movies »* (Voici comment ils font pleurer les bébés à la télé et au cinéma) ? 
Une dame, E. H., dont la profession est baby wrangler — littéralement "dresseuse de bébés", à l'instar des dresseurs animaliers pour les besoins d'un tournage —, utilise une technique spéciale pour faire pleurer un bébé sur commande : elle se met à pleurer elle-même et l’enfant commence à pleurer aussitôt. Elle explique que lorsqu’un bébé, même un nourrisson, entend un autre bébé pleurer, il va se mettre à pleurer aussi, et elle ajoute que c’est un exemple d’empathie. C’est instantané, dit-elle, et son taux de réussite est de 100%. Elle témoigne avoir entendu dire que d’autres baby wranglers utilisent des techniques douteuses comme de placer de mauvaises odeurs devant l’enfant ou de provoquer un bruit soudain intense. Ces méthodes, précise-t-elle, peuvent toutefois être nocives pour l’enfant et devraient être évitées.

Ne faudrait-il pas plutôt éviter d’utiliser de vrais bébés et enfants en bas âge en pleurs à la télévision et au cinéma ? Comment peut-on affirmer que le bébé pleure par empathie ? Placez quelques acteurs dans un lieu bondé et demandez-leur de s’enfuir soudainement en courant et en criant. À coup sûr, l’expérience déclenchera un mouvement de foule. Si l’on interroge ensuite les personnes présentes, je serais étonnée de voir le nombre de personnes qui ont suivi le mouvement par empathie… De même, ne serait-ce pas plutôt parce que les bébés ne se sentent pas rassurés qu’ils se mettent à pleurer en voyant ou en entendant quelqu’un d’autre pleurer ? Comme le dit E. H. elle-même, lorsqu’elle arrête de pleurer et réassure l’enfant en lui disant que tout va bien, il s’arrête de pleurer. N’est-ce pas tordu de d’abord faire croire l’inverse à l’enfant, pour ensuite le rassurer lorsque la scène a été tournée ? 

« Un bébé, ça pleure tout le temps », entend-on dire souvent. Est-ce une raison pour le faire pleurer une fois de plus pour le divertissement ? Surtout quand il existe d’autres méthodes comme d’utiliser des poupées. Grâce à l’évolution des technologies, les répliques de bébés sont hyper réalistes à l’heure actuelle. Et si les producteurs tiennent à filmer un vrai bébé, il suffit tout simplement de ne pas montrer le visage de l’enfant et de passer l’enregistrement de pleurs d’un bébé en situation normale. De plus en plus de réalisateurs ont recours à ces méthodes.

Comme l’explique la Leche League sur son site**, les pratiques courantes dans les pays industrialisés qui consistent à laisser un bébé pleurer « ne correspondent pas aux besoins émotionnels et psychologiques des jeunes enfants, et peuvent avoir des conséquences négatives à long terme sur leur santé psychologique. Les pleurs du bébé sont un signal de détresse physiologique ou émotionnelle. Laisser un bébé pleurer sans lui apporter de réconfort, même pendant une courte période, peut être très angoissant pour lui. »

Il existe certes un débat sur la question de savoir s’il est bon ou non de laisser pleurer un bébé et des professionnels de la santé auront des arguments pour ou contre, mais que dire de la commercialisation de cette pratique par l’industrie de la télévision et du cinéma ? Pour le divertissement…?!?

Personnellement, je ne trouve pas cela juste pour les enfants et désormais, je ne paierai plus le moindre ticket de cinéma et n’achèterai plus de films tant que je n’ai pas la garantie que le réalisateur n’a laissé aucun enfant en bas âge pleurer pour les besoins du tournage. Et si l’industrie du cinéma ne juge pas opportun de généraliser la mention que je propose — « Aucun bébé ni enfant en bas âge n’a été brutalisé ou maltraité durant ce tournage » — que l’on impose au moins l’avertissement : « Des enfants en bas âge ont été amenés à pleurer dans ce film », pour que je puisse choisir en connaissance de cause.

Et vous ?

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(consulté le 25 avril 2020)

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(consulté le 25 avril 2020)

Baby Wrangler

Am I the only one to be chocked when reading Chris Snyder’s article « Here's how they make babies cry in TV and movies »?*
A so-called baby wrangler, E. H., uses a special technique to make a baby cry on command: she starts to cry herself and the baby will start to cry. She explains that when a baby, even an infant, hears another baby cry, the infant or the baby will start to cry themselves, adding « it is an example of empathy ». It's pretty instantaneous and her success rate is 100 percent. She says she has heard of other baby wranglers using questionable techniques like placing bad odors in front of the child or making a loud noise. But according to the lady, these sorts of methods may be harmful to the child, and should be avoided.

Shouldn’t it rather be avoided to use any crying babies at all in TV and movies? How can one be sure the infant cries because of empathy? If you put a few actors in a crowded place and ask them to suddenly start running and screaming. I am pretty sure the experiment will lead to a crowd’s movement. If you ask the people afterwards, I would be very surprised to hear they followed the crowd's movement out of empathy. Likewise, wouldn’t it rather be because babies are afraid and don’t feel safe that they start crying when hearing and seeing someone starting to cry? As E. H. herself says, when she stops crying and assures the baby that everything is safe, that she is okay, that they are ok, then the baby will stop crying. Isn’t it twisted to first make the babies believe they are not safe, then assure them they are, once the scene is shot? 

« Babies cry all the time », as goes the saying. Is that any reason to make them cry once more for entertainment? Especially when other ways exist, like using dolls. Thanks to the evolution of technologies, dolls are highly realistic nowadays. And if the film makers insist on having a real baby on set, they can always choose not to show the baby’s face and play the record of a baby crying in a daily-life situation. A growing number of film makers use these methods.

As explained on Leche League’s website**, « the widely practiced technique of controlled crying is not consistent with infants’ and toddlers’ needs for optimal emotional and psychological health and may have unintended negative consequences.
Crying is a signal of distress or discomfort, either psychological or physical. Letting babies cry, even for a short period of time, without comforting them may be a source of anxiety. »

I know there is a debate on wether one should let a baby cry or not. And doctors or care-givers will have a good case on both sides, but what about marketing this practice for television and movies? For entertainment…?!?
I don’t think this practice is fair for the children. So I won’t buy anymore dvd or movie tickets as long as I don’t have the guarantee that the film maker didn’t leave babies and toddlers crying it out on set. And if movie makers don’t think it appropriate to generalize the disclaimer I suggest: "No babies or toddlers were harmed during the making of this film », I ask them to mention at least the warning : « Babies and toddlers were led and left to cry it out during the making of this film ». At least I would be able to make an informed choice.

What about you?

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(consulted 25 April 2020)

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(consulted 25 April 2020)

jeudi 16 avril 2020

Les bébés pleurant dans les films

Bonjour,

Dans ces moments de confinement, nous sommes nombreux à vouloir co-créer un monde meilleur
Ma part de colibri* est de tenter de mettre fin à l'exploitation des pleurs des bébés et enfants en bas âge dans les films.
J'ai tenté d'alerter les médias, j'ai écrit une douzaine de lettres à différents organismes et institutions de protection des droits de l'enfant, à des fédérations de réalisateurs, j'ai lancé une pétition en novembre, j'ai interpellé des réalisateurs en personne... En vain. 

Si vous partagez mon avis, merci de bien vouloir signer la pétition en ligne et qui sait ? peut-être notre souhait deviendra-t-il réalité ?

Voici le lien vers la pétition "Des bébés heureux dans les films" :
http://chng.it/vRzW48ZS

Merci de tout coeur, portez-vous bien.

Marie-Eve Van Linthoudt

* La légende du colibri : Un gigantesque incendie ravage la forêt. Le colibri se précipite vers le lac, où il ne peut prendre que quelques gouttes d'eau dans son bec, va les verser sur le feu, revient vers le lac et continue ainsi sans relâche. Les autres animaux se moquent de lui, disant que c'est inutile. Lui répond : je fais ma part.
(philosophie du Mouvement Colibris, Pierre Rabhi).




Les bébés pleurant dans les films


Certains d’entre vous figuraient peut-être parmi les millions d’internautes qui ont vu la vidéo qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, celle d'un papa dont les enfants font irruption dans son bureau alors qu’il est interviewé par la BBC. « Hilarious, the most laughable video… », ont commenté les internautes. Suis-je la seule à ne pas avoir ri ? Suis-je la seule à avoir vu la dureté avec laquelle la mère sort la petite fille de la pièce ? Si on passait les images au ralenti, les gens verraient-ils la brutalité ? Et si c’était un chiot ou un chaton que la femme avait tiré brutalement par la patte, à deux doigts de lui déboîter l’épaule pour ensuite le traîner au sol ? Les organismes de protection animale ne seraient-ils pas monté au créneau ? Si vous focalisez votre attention sur la petite, vous verrez qu’elle se prend d’abord le coin de la table dans les côtes et qu’elle crie clairement lorsque sa mère la tire par le bras : aïe aïe aïe tandis que la dame la fait quasiment passer sous le trotteur du petit frère, l'espace laissé entre le trotteur et le chambranle de la porte étant trop étroit. Si l’on écoute attentivement, on entend distinctement les cris de douleur de la petite fille.
La vidéo étant devenue célèbre entre-temps, la famille en a diffusé de nouvelles montrant que la petite va bien. La mère a réagi à chaud, dans le stress de l’interview, mais les parents auront probablement pu expliquer à leur fille pourquoi sa mère lui a fait mal.

Que dire des scènes écrites, programmées d’un film ? Les parents expliquent-ils à leur enfant qu’on va les faire (ou laisser) pleurer pour le plaisir, pour faire rire des gens ou les émouvoir ?
Comme dans le film allemand 3 Türken und ein Baby de Sinan Akkuş.
Combien de personnes adultes y a-t-il sur le tournage d’un film ? Vingt ? Cinquante ? Cent ? Plusieurs centaines ? J’aurais voulu être une mouche pour voir la réaction de tous ces gens : étaient-ils indifférents aux pleurs de la petite actrice ? Décontenancés ? Tristes ? Amusés peut-être puisque le but du film était de faire rire. Aux dépens de la petite fille ?!? Si ça tombe, la mouche, elle, aurait été horrifiée de voir ce que notre espèce inflige à ses petits. Parce que la petite figurait parmi les meilleurs acteurs du film : quand elle se débat, quand elle s’écarte ostensiblement du buste de l’acteur qui la porte, quand elle tente vainement par ses cris et ses pleurs d'obtenir de sa maman qu'elle vienne la reprendre des bras de cet homme, elle pleure VRAIMENT.
Dans la scène de l’hôpital, lorsqu’elle est assise sur les épaules de l’homme, elle est tranquille au début. Si vous vous concentrez sur son visage, en particulier ses yeux, vous verrez qu’elle regarde vers le bas, observe quelque chose ou quelqu’un puis se met soudainement à pleurer. Qu’a-t-elle vu ? N’est-ce pas un peu tordu de rechercher CE QUI va immanquablement déclencher les larmes de la petite fille pour l’utiliser à dessein ? Pour le divertissement ?

Autre exemple : le film indien Amu de Shonali Bose.
Autant il est intéressant d’apprendre une partie de l’histoire méconnue des Sikhs, autant il est difficile de ne pas avoir mal au coeur lorsque l’on se focalise sur le petit garçon pendant toute la durée de la scène. Il commence à pleurer lorsque la famille, assise par terre pour le repas, entend soudain les cris d’une foule déchaînée. Il n’est pas nécessaire de comprendre la langue pour savoir que le petit appelle « Mummy » en pleurant. Durant la totalité de la scène, le petit ne cesse de pleurer. Détonation, coups de feu, hurlements, bris de verre. L’actrice représentant la mère de famille s’écrie anxieusement : « C’était quoi ? », le père se lève, prend un couteau, intime à « sa femme » de rester à l’intérieur avec les enfants. La femme attrape les enfants, les force à se lever et à se cacher sous une tablette. Si vous gardez votre attention sur le garçon durant toute la scène, vous comprendrez qu’il ne fait pas semblant d’être terrifié, il L’EST ! Il pleure pour du vrai et appelle sa maman à l’aide. Personne ne lui aura dit que c’est du cinéma, qu’il n’a pas à avoir peur, que rien de tout ce qu’il vit n’est réel… Bien évidemment, sinon il n’aurait pas pleuré et la scène aurait manqué de réalité.

Comment ensuite inculquer la confiance à ce jeune enfant ? Comment espérer qu’il développe une confiance dans les adultes, dans la vie ? Si l’on en croit la neuropsychologue Bérengère Guillery-Girard, « Bien que nous oubliions les premières années de notre vie, elles marquent pourtant durablement notre personnalité à l’âge adulte ».
Ai-je vraiment envie que l’on traumatise de jeunes enfants pour mon plaisir de spectatrice ?
Comment les réalisatrices et réalisateurs peuvent-ils penser que ce n’est pas grave ? Et si ça l’était ? Dès que l’on s’efforce de ne pas se laisser emporter par la fiction, dès que l’on garde une attitude d’observateur conscient, comment ne pas penser que c’est injuste d’infliger cela aux jeunes enfants ?

Dans un épisode de la série britannique Collateral de David Hare, un bébé pleure dans les bras de « sa » mère junkie qui se fait livrer une pizza censée être accompagnée de la drogue commandée. Si l’on prête attention au bébé « acteur », on constate que les pleurs collent avec les images. Ce sont les pleurs réels du bébé, que l’on a déclenchés avant même l’arrivée du livreur, casque de moto vissé sur la tête, ce qui n’est certainement pas fait pour apaiser la peur du bébé.
Comment ont-ils fait pour le faire pleurer juste avant de tourner la scène ? Ils l’ont arraché des bras de sa mère ?

Je me demande d’ailleurs comment ils font, les réalisateurs. Ils affament l’enfant ou quoi ? Ils le maintiennent éveillé et attendent qu’il soit épuisé ? Ou bien ils l’empêchent de voir ses parents ?
N’y a-t-il aucun moyen de protéger ces bébés et enfants en bas âge qu’on laisse délibérément pleurer alors que les alternatives existent ? Certains réalisateurs se contentent d’enregistrer les pleurs réels d’un bébé et de coller ensuite la bande son sur les images d’un nourrisson que l’acteur ou l’actrice porte la tête tournée vers soi. Ils ont confiance en l’intelligence des spectateurs qui savent très bien à quoi ressemble un bébé en pleurs. Inutile d’en traumatiser un!

J’ai commencé à remarquer la souffrance des enfants en voyant Lore, un film australo-germano-britannique de Cate Shortland consacré aux enfants d’Hitler. 
J’avais été invitée à l’avant-première à Bruxelles. Je me souviens être sortie envahie d’un sentiment de tristesse ahurie et j’ai regretté de ne pas m'être levée pour quitter la salle immédiatement. De tous les acteurs, c’était ce petit bonhomme de neuf ou dix mois qui jouait le mieux. Le film n’est pas disponible sur le site de streaming auquel je suis abonnée et je n’ai certainement pas l’intention de payer quoi que ce soit aux réalisateurs pour pouvoir le revoir et montrer des extraits, mais je me souviens avoir eu le sentiment que le bébé pleurait du début à la fin du film. Et il pleurait pour de vrai, ça, c’est sûr : il ne jouait pas la comédie.
Quand je vois que ce film a remporté 14 prix et 15 nominations (!), ne devrais-je pas m’inquiéter pour l’avenir de l’humanité ?

Depuis lors, je sors instantanément de la fiction dès que je vois un jeune enfant pleurer dans un film. Avant, j’étais comme la plupart des gens. Je pense que nous sommes tout simplement tellement habitués à ce genre de scènes que nous ne réalisons pas que ces tout-petits ne JOUENT pas la comédie. Le problème est que plus nous en voyons, plus nous trouvons cela normal et devenons insensibles.
Dans Love, Rosie par exemple, l’actrice jouant la jeune mère est tellement brillante que je me suis moi-même laissée emporter par son jeu d’actrice et j’ai oublié l’espace d’un instant que c’est une « étrangère » qui laissait délibérément pleurer le nourrisson dans ses bras ! Est-ce vraiment juste pour ce nouveau-né ? 

Encore un autre exemple.
J’ai aussi vu l’avant-première de Kings, un film de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. Un film intense sur la violence interraciale, mais intelligemment équilibré par des émotions et valeurs humaines d’amour, de soins et de partage. J’aurais certainement recommandé ce film s’il n’y avait pas eu trois scènes. Était-ce réellement nécessaire d’ajouter deux victimes à cette triste histoire vraie ? Les bébés « acteurs » méritaient-ils d’être traumatisés ? Je ne le pense pas. Ces trois scènes n’ont rien ajouté à l’intensité du film.
Dès l’entame du film, des coups de feu se font entendre. La mère paniquée enjoint à ses enfants adoptifs de se réfugier sous la table de la salle à manger. Si vous vous focalisez sur le petit garçon de deux ans, il est impossible de ne pas voir qu’il est RÉELLEMENT terrifié. Idem quelques minutes plus tard pendant la scène où une casserole prend feu. Toute la maisonnée paniquée crie et se précipite à l’extérieur. Le petit ne SAIT PAS qu’il est en sécurité ! Il pleure de terreur.
Et idem encore durant les émeutes où l’on voit deux bambins assis par terre, pleurant jusqu’à ce que la morve leur dégouline sur le visage.
Nous sommes en 2020 ! Il y a belle lurette que nous avons arrêté de maltraiter les animaux pour le plaisir ! N’est-il pas grand temps d’arrêter de malmener de jeunes enfants pour le divertissement ?

Dans Cargo, un film australien de Ben Howling et Yolanda Ramke, plusieurs scènes montrent une petite fille de deux ans environ en pleurs. Deux scènes sont particulièrement difficiles si vous ouvrez les yeux sur le fait que les bébés et bambins ne comprennent pas qu’ils sont dans une fiction : lorsque l’acteur principal tente de faire taire le bébé en lui mettant la main devant la bouche, on peut voir que l’homme est doux en réalité mais malgré tout, la petite n’aime pas ça et essaie de le faire comprendre en secouant la tête et en pleurant. Et la scène où la même petite fille est assise sur les genoux d’un autre homme. L’acteur est excellent et fait semblant d’utiliser la force alors qu’il est doux envers la petite. Malgré tout, on peut voir clairement que son visage effrayant fait peur à la petite qui appelle sa maman à l’aide.

Comment se fait-il qu'on laisse faire ? Pourquoi continue-t-on à regarder et à laisser faire ? « Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire », disait Albert Einstein. Eh bien, je ne veux plus laisser faire. Je ne souhaite plus voir d’enfants en bas âge dont les besoins ont délibérément été niés pour obtenir d’eux qu’ils pleurent de façon durable. 

Je demande aux autorités européennes et internationales d’adopter une loi sur l’utilisation de bébés et d’enfants en bas âge pour le divertissement, d’étudier les effets psychologiques à long terme sur eux et d’interdire l'exploitation des sentiments de tristesse, peur, douleur, détresse de bébés ou d'enfants en bas âge pour les besoins d’un tournage.

Et je fais le vœu de voir un jour apparaître sur CHAQUE film la mention « Aucun bébé ni enfant en bas âge n’a été brutalisé ou maltraité durant ce tournage ». 

Et vous ?

Marie-Eve



Bibliographie

Films

3 Türken und ein Baby, Sinan Akkuş, 2015
Amu, Shonali Bose, 2005
Cargo, Ben Howling et Yolanda Ramke, 2017
Children interrupt BBC News interview, 10 mars 2017
https://www.youtube.com/watch?v=Mh4f9AYRCZY
(consulté le 27 mars 2017)
Collateral, série britannique de David Hare, S1E1, 2018
Kings, Deniz Gamze Ergüven, 2018
Lore, Cate Shortland, 2013
Love, Rosie, Christian Ditter, 2014

Article
Le mystère de l’amnésie infantile se dissipe, article de Bérengère GUILLERY-GIRARD paru dans la revue La Recherche hors-série n° 22 « La Mémoire », p. 41.

mardi 14 avril 2020

Young Children Crying in Movies

Hello,

While we are all in lockdown, many of us want to co-create a new world. 
My share as a hummingbird* would be to wish no more infants, babies or toddlers would be left crying it out in movies.
Last year in November, I started a petition, by printing it and collecting signatures the old-fashioned way. Because, guess what... I am not very young anymore. So let's try and move with the times...

If my arguments convinced you, could you please sign the online petition and who knows maybe our dream will come true?

Link to the petition Happy Babies in Movies :
http://chng.it/vRzW48ZS

Thank you.
Stay safe

M.-E.

* The Legend of the Hummingbird says there was an enormous forest fire. The hummingbird swooped into the lake and picked up a few drops of water, put them on the fire, went back to the lake and did it again and again. The other animals made fun of it, saying it was useless. The hummingbird replied: I know, I am doing what I can (Inspired by the philosophy of Mouvement Colibris, Pierre Rabhi).




Young Children Crying in Movies


Some of you may have been among the millions of Internet users to watch the video that made the buzz on social networks, a dad whose children burst into his office while interviewed by the BBC. « Hilarious, the most laughable video… », comment users. Am I the only one who did not laugh? Am I the only one who saw how roughly the mother took the girl out of the room? If the video was played in slow motion, would people see the brutality? And if it was a puppy or a kitten that the woman would have brutally pulled by its front leg - nearly dislocating the shoulder - and then dragged on the floor? Wouldn’t animal welfare organizations firmly criticize it? When focusing on the girl, you can see she firstly hits the edge of the table with her ribs and then you can clearly hear her scream when her mother pulls her arm: Ouch Ouch! while the lady makes the child almost pass under the little brother’s baby walker, the space left between it and the door frame being too narrow. If you listen carefully, you will hear the girl scream in pain.
Meanwhile, the video became viral and the family released new videos showing the little girl is fine. The mother had reacted in a rush because of the live interview and the parents were probably able to explain to their daughter why her mother hurt her.

What about written, scheduled scenes of a movie? Do parents explain to their children someone is going to make them cry for entertainment, to make people laugh or be touched?
Like the German film 3 Türken und ein Baby by Sinan Akkuş.
How many adults are there on a film set? Twenty? Fifty? One hundred? Several hundred? I wish I was a fly to see the reaction of all those people: were they indifferent to the crying of the little actress? Puzzled? Sad? Amused maybe since the purpose of the film was to make people laugh. At the expense of the little girl?!? Perhaps the fly would have been appalled to see what our species inflicts on its young. Because the baby girl is one of the best actors in the film: when she struggles, visibly trying to get away from the man who carries her, when - with loud cries and tears - she vainly tries to get her mother to come and take her from that man's arms, she cries FOR REAL. 
In the scene at the hospital, when she is on the man’s shoulder, she is quiet at first. If you pay attention to her little face and especially to her eyes, you will see she is looking down to something or someone and she suddenly starts weeping. What did she see? Is it right to find out WHAT would invariably trigger the girl’s tears and to use it on purpose? For fun? 

Another example is an Indian movie by Shonali Bose: Amu.
Although it is interesting to learn about the little-known story of the Sikhs, it is difficult not to have one’s heart torn asunder when focusing on the little boy during the whole scene: he starts crying when the whole family hears a crowd shouting while they are sitting on the floor for their meals. You don’t need to understand the language to know that the little one calls for "Mummy" while crying. The baby boy cries during the whole scene. Detonations, gunshots, screaming, glass shattering. The actress playing the mother exclaims anxiously: "What is all this commotion?", the father gets up, takes a dagger, tells "his wife" to stay inside with the children. The woman grabs the kids, makes them get up and hide under a shelf. If you focus on the boy during the whole scene, you will understand he is not pretending going through a scary time, HE IS! He cries for real and calls his mother for help! Probably nobody told him that it was just a part he was supposed to play in a movie, that there was no need to be afraid, that nothing of what he was going through was real ... Obviously. Otherwise he wouldn’t have cried and the scene wouldn’t have been credible.
How to instill confidence in this little traumatized being? How could we hope the child will successfully develop trust, will feel safe and secure in the world? 
According to neuropsychologist Bérengère Guillery-Girard, "Although we can’t remember anything of our first few years, they nonetheless leave a long-lasting mark on our adult personality". 
Do I really want to have young children traumatized for my entertainment?
How do directors think it can feel right? Because it doesn’t! It doesn’t feel right at all, once you conscientiously prevent yourself from getting carried away by the story.

In an episode from David Hare's British series Collateral, a baby cries in the arms of "his" junkie mother who is getting a pizza on which she is supposed to find the drug she ordered by phone. If you pay attention to the baby "actor", you will notice that picture and sound match: the baby cries real tears, and even starts crying before the deliveryman arrives, still wearing his motorcycle helmet, which probably brings added fear for the baby.
How did they do? Did they suddenly grabbed the baby from his mother’s arms to get him cry before starting to shoot the scene?

Besides, I always wonder how directors do. Do they starve the children or what? Do they keep them awake and wait until they are exhausted? Or do they prevent them from seeing their parents?
Is there no way to protect those babies and toddlers who are deliberately left crying it out when other options exist? Some directors simply use baby crying sound effects to match the picture of an adult actor or actress holding a newborn facing them. They trust the viewers will be intelligent enough to know what a weeping baby looks like without needing to traumatize one!

I started to notice the suffering of children when I saw Lore, an Austro-German-British film by Cate Shortland about Hitler's children. 
I had been invited to the preview in Brussels. I remember coming out of the movie overwhelmed with sadness and regretting not having left the theatre at the beginning of the film. The nine- or ten-month-old baby was the best of all actors. The film is not available on the streaming website I subscribed to and I certainly don’t want to pay any money to the movie makers to watch it again and find extracts of it but in my memory, the baby was crying from the beginning to the end of the film. For real. That's for sure: the little one did not play comedy.
When I see this film won 14 awards and 15 nominations (!), shouldn’t I need to worry about the future of humanity?
Ever since, I immediately stop being carried away by the fiction when I see young children crying in movies. But before, I was like most people. I think we are just getting used to seeing such scenes and do not realize the little ones are NOT acting. The problem is the more we see them, the more insensitive we get.
In Love, Rosie for instance, the actress playing the young mother is so brilliant I was carried away by her acting and I forgot for just a moment that the infant left crying it out in her arms wasn’t hers! Is this really fair to the newborn? 

And another example.
I also went to the preview of Kings, a film by director Deniz Gamze Ergüven. An intense movie about interracial violence, but cleverly balanced by profound human emotions of loving, caring and sharing. I certainly would have recommended to watch the movie if it wasn’t for three scenes. Was it really necessary to add two victims to the sad but true story? Did the baby "actors" deserve to be traumatized? I don’t think so. It doesn’t add anything to the intensity of the movie. 
Right at the beginning of the film, gunshots are heard. The mother in panic makes her foster kids take shelter under the dining table. If you focus on the baby boy, you can tell he is REALLY scared. The same goes a few minutes later during the scene where a saucepan catches fire and everybody shouts and rushes out of the house in panic: the little one DOESN’T KNOW he is safe! He really cries out in fear. And the same goes again during the riots, when you see two toddlers sitting on the floor and crying their eyes out.
This is 2020! We stopped a long time ago to harm animals for entertainment! Isn’t it time to stop harming young children for entertainment?

In Cargo, an Australian film by Ben Howling and Yolanda Ramke, you can see several scenes in which the baby girl cries. Two scenes are particularly harsh, once you have opened your eyes on the fact that babies and toddlers can’t understand they are part of a fiction: when the main actor tries to keep the baby quiet by putting his hand over her mouth, you can see the man is gentle in reality but still, the little one doesn’t like it and tries to make her understood by shaking her head and crying. And the scene in which she is on another man’s lap. The actor is excellent and pretends using force while he is gentle to the baby girl. But still, you can clearly see she’s afraid of his scary face and calls her mother for help.


How can we allow this? Why do we keep looking and letting it happen? "The world is a dangerous place to live; not because of the people who are evil, but because of the people who don't do anything about it.", said Albert Einstein. Well, I do not want to remain passive anymore. I no longer wish to see in movies young children whose needs were deliberately denied in order to get them to cry long enough to get the scenes shot. 

I ask the European and international authorities to enact legislation on the use of babies and young children for entertainment, to investigate the long-term psychological effects on them and to prohibit the exploitation of feelings of sadness, fear, pain, distress of babies or toddlers for the shooting of movies, videos or any footages.

And I wish to see one day the disclaimer "No babies or toddlers were harmed during the making of this film" on EVERY movie. 

What about you ?

M.-E.


Bibliography

Films

3 Türken und ein Baby, Sinan Akkuş, 2015
Amu, Shonali Bose, 2005
Cargo, Ben Howling and Yolanda Ramke, 2017
Children interrupt BBC News interview, 10 March 2017
https://www.youtube.com/watch?v=Mh4f9AYRCZY
(accessed March 27, 2017)
Collateral, British series of David Hare, S1E1, 2018
Kings, Deniz Gamze Ergüven, 2018
Lore, Cate Shortland, 2013
Love, Rosie, Christian Ditter, 2014 

Article
Le mystère de l’amnésie infantile se dissipe, article by Bérengère GUILLERY-GIRARD published in the journal La Recherche (special issue) n° 22 « La Mémoire », p. 41.